COMMERCE

Bien avant la Longue Année et l’avènement du Roi-Prophète, le royaume d’Ébène a officiellement délaissé le troc de marchandises au profit de moyens d’échange normalisés. Lorsque les neuf palatinats s’unirent sous la bannière d’Ébène, le souverain tenta tant bien que mal d’unifier la contrée à l’aide d’un seul système monétaire. Or, il découvrit que les traditions pécuniaires de la populace ne pouvaient être altérées aisément. Plutôt que de se lancer dans une guerre sainte économique contre son propre peuple, il suggéra une réforme modérée à ses nobles. Ainsi apparut à la dix-neuvième année de l’ère royale le système des « Trois balances ». Encore aujourd’hui, celle-ci est en vigueur dans le pays.

Trois types d’unités d’échange, chacun basé sur la nature et le poids du matériau utilisé, sont utilisés par les Ébènois. L’expression des « Trois balances » fut donc symboliquement établie afin de représenter le tout formé par ce trio de valeurs marchandes.

Le pouvoir accordé par la richesse ne saurait être nié. Combien d’artisans inconnus rêvassent, en inspectant leurs outils rouillés ou éméchés, d’avoir sous leurs ordres des nuées d’apprentis obéissants? Quel marchand, lorsqu’il traverse la foire de Lys d’Or, ne songe pas aux fabuleux trésors que recèlent les terres étrangères? La plupart de ces ambitieux sont dévorés par leur vice avant d’être en mesure de se vanter de leurs exploits. Toutefois, quelques rares travailleurs persévérants et ingénieux gagnent leur pari et se hissent aux côtés des seigneurs-palatins et hauts dignitaires du royaume. Par les Follets, les Ducats et les Carats, ils achètent leur place dans l’Histoire.

Les ducats

Le ducat est une pièce d’argent d’environ deux pouces de diamètre. Frappé par les hauts seigneurs du royaume, le ducat était avant le Sang’Noir la monnaie officielle des marchands mineurs, des artisans et de la petite noblesse. Si son effigie variait à l’origine en fonction du duché de fabrication, les ducats furent uniformisés par le Roi-Prophète afin de n’arborer que la croix de la croisée de Laure. Jusqu’en 370, ces pièces étaient conçues dans les forges des seigneurs du royaume, mais, depuis cette date, le privilège de la frappe de la monnaie d’argent est réservé aux argentiers royaux. Les serfs peuvent parfois en posséder, mais ce sont surtout les travailleurs du secteur commercial qui y trouveront utilité. Le ducat permettra en effet d’acheter des équipements militaires –épée, lance, bouclier, armure-, des matières premières en faible quantité ou des instruments d’artisans. S’il est bien négocié, le ducat vaut en moyenne entre 20 et 30 Follets.

Les carats

Le carat est une gemme facettée ayant un poids précis. L’idée du carat fut apportée par le Roi-Prophète lors des dernières années de son règne. Soucieux d’unifier les différents palatinats du royaume par le commerce, il confia en l’an 19 la tâche aux Merizzoli de Salvar, les plus éminents joailliers de la contrée, d’épurer et de tailler diverses gemmes. Dans leurs ateliers furent ainsi altérés des milliers de joyaux –ambres, saphirs, rubis, émeraudes, améthystes et diamants- réparties en deux catégories : de petites gemmes d’un carat et de plus massives d’une valeur de cinq carats. Seuls les puissants du royaume d’Ébène peuvent espérer avoir dans leur bourse des carats. Plus encore, qu’un simple serf ou marchand issu de la roture vienne en possession de l’une de ces gemmes, on s’enquerra de ce fait, ce phénomène étant habituellement hautement suspect. Les carats permettent aux dirigeants du pays d’engager des armées, d’ériger des monuments et, bien sûr, de négocier des ententes entre eux. Une petite gemme d’un carat peut être négociée pour une valeur d’environ cinq ducats, tandis que les plus grosses gemmes valent vingt-cinq ducats.

Les follets

Le follet est une pièce de cuivre d’environ un pouce de diamètre. La dénomination de « follet » réfère à la région minière du Val-Follet d’où les plus importantes quantités de cuivre du royaume sont extraites. Les origines de la pièce s’enracinent dans l’Avant alors que les seigneurs ne maintenaient qu’une faible emprise sur leur propre peuple. Pour cette raison, ce sont les forgerons des bourgs et des campagnes qui se chargeaient de frapper cette monnaie, y gravant des effigies diverses, habituellement à l’image de créatures de la faune ou de la flore locale. Aujourd’hui, le follet permet à la roture d’acquérir des biens d’usage commun tels du pain ou de la bière, ou encore d’obtenir rétribution pour des services quotidiens. Contrairement au ducat, la frappe des follets est laissées à la discrétion des seigneurs.

les CORPORATIONS nationales

Le commerce ébénois est grossièrement contrôlé par quatre puissantes corporations spécialisées dans des secteurs bien précis. Bien sûr, une multitude de petites compagnies marchandes vaquent à leurs occupations sur les terres célésiennes, mais, à un point ou à un autre, ces dernières se placent sous la protection de l’une des ces grandes guildes afin de bénéficier de ses largesses et de son réseau. Ainsi, les marchands mineurs se considéreront fréquemment comme autonomes même s’ils font affaire régulièrement avec les grandes corporations. 

Quant aux meneurs de ces richissimes organisations, leur voix est susceptible de faire plier les hauts seigneurs eux-mêmes. Après tout, comment ignorer l’opinion d’un individu détenant le pouvoir de priver la moitié du royaume de soie, de vin ou, pire, de blé? Heureusement, une profonde hargne, autant idéologique qu’émotive, divise ces corporations.

La Banque libre d’Ébène

Bailleuse de fonds, maîtresse des transports fluviaux et fédératrice de redoutables compagnies de mercenaires, la Banque libre d’Ébène consolide son influence en maintenant ses partenaires commerciaux en dette envers elle. 

La Marine des Mérillons

Exportatrice et importatrice de produits exotiques, la Marine des Mérillons se fait un devoir d’entretenir des relations harmonieuses avec les nations étrangères. Ses flottes marchandes sont craintes et admirées sur les deux mers ceignant le royaume. 

L’Union commerciale du Sud

Rassemblement décentralisé d’artisans, de commerçants et de négociants régionaux, l’Union commerciale du Sud (ou UCS) chérit la notion de libre-entreprise et s’oppose aux monopoles de toutes sortes. 

République marchande de Havrebaie

Se fondant dans les institutions de la République sérénissime de Havrebaie, la république marchande du même nom se spécialise dans la technologie, l’armement et le négoce de marchandises.