THÈMES SENSIBLES
ET EXCLUS
L’Odyssée se déroule dans les années 1920. L’histoire du contexte de jeu est donc, jusqu’au début du premier événement, presque identique à celle de l’Histoire du monde tel que nous le connaissons. Cependant, dans un souci d’inclusion et de respect des participants et participantes, certains thèmes sont volontairement exclus du jeu ou nuancés, et ce même si cette exclusion altère l’historicité du projet. Voici comment…
L’Organisation de L’Odyssée s’engage à exclure les thèmes de jeu suivants afin d’assurer le respect et l’intégration de tous et toutes :
- Sexisme : La misogynie ou la misandrie, les inégalités entre tous les genres, et toute relation de domination et/ou exclusion fondée exclusivement sur le genre n’existent pas dans l’univers de L’Odyssée. Tous et toutes peuvent prétendre aux mêmes positions de pouvoir et opportunités.
- Homophobie, transphobie, etc. : Aucun participant ou participante ne devrait être forcé d’occulter son identité réelle afin d’incarner le personnage de son choix. Les diverses affirmations de genres et d’orientations sont donc acceptées et considérées comme normales dans l’univers de jeu. L’homophobie, la transphobie ou toute autre discrimination ou hostilité de ce type sont proscrites.
- Le racisme : La catégorisation des êtres humains en “races” biologiques menant à la haine, au mépris ou à une hiérarchisation est évacuée du jeu. Les conflits et discours basés sur les origines nationales des personnages sont possibles, mais ceux-ci sont fondés sur ce que font les personnages et non sur ce qu’ils sont. L’utilisation de la généralisation (ex : “Tous les Irlandais sont…”) ou d’une hiérarchisation supposément naturelle (ex : “En tant que Britannique, tu es né corrompu…”) sont des indices permettant de reconnaître un discours raciste. Mais attention, il ne faut pas confondre “nationalisme” et “racisme”. Si ces deux notions peuvent parfois s’entrecouper, la première peut être jouée si elle est dénuée de racisme manifeste.
Il est toutefois attendu que les participants et participantes excluent aussi ces thèmes lors de l’incarnation de leur personnage et ne fassent pas des réalités qui y sont associées les articulations centrales de leur quête de sens. Faire de ces sujets un axe important du jeu -même sous un angle positif- implique le potentiel de les transformer en enjeux, d’antagoniser d’autres personnages autour de ceux-ci et de les réintroduire involontairement. Notre objectif est que tous et toutes, peu importe leur identité réelle, puissent trouver leur place dans un jeu respectueux et égalitaire axé sur les thèmes recherchés par L’Odyssée.
L’Odyssée s’enracinant dans l’Histoire réelle, elle est susceptible de mettre en scène des façons d’être, idéologies et discours délicats à aborder. Ceux-ci pouvant créer un jeu stimulant, nous ne cherchons pas à les éliminer. Cependant, il convient de les aborder adéquatement.
Le maître mot derrière l’approche de ces divers thèmes (religion, ethnicité, pauvreté, etc.) est “Respect”. Vos personnages auront un pays d’origine, une foi et un statut économique qui, encore aujourd’hui, pourraient être partagés avec des individus bien réels. Il est donc de votre responsabilité de vous assurer une juste compréhension de ces réalités avant de les incarner. Les caricatures mettant de l’avant des stéréotypes ne sauraient être tolérées, tout comme une incarnation alimentant des préjugés -positifs ou négatifs- de certaines communautés. Par exemple, peu importe l’origine de votre personnage, les accents sont proscrits.
Il serait impossible de couvrir toutes les éventualités liées à cet avertissement. Il convient uniquement de se rappeler que, en cas de doute, demander conseil à la communauté et à l’Organisation de L’Odyssée est toujours un bon premier pas!
Les années 1920 voient l’essor des grandes idéologies sociales et politiques qui mèneront directement, une décennie plus tard, à certaines des pires tragédies de l’Histoire. L’apparition et la montée du fascisme, du communisme, du nativisme et d’autres doctrines de cet acabit ne sauraient être ignorées dans le cadre de L’Odyssée. Exclure complètement les conflits entre ces idéologies ne pourrait se faire sans dénaturer complètement les dynamiques sociales et politiques de l’époque.
Toutefois, nous ne pouvons non plus ignorer le caractère extrêmement controversé -voire condamnable- de ces pensées dans nos sociétés contemporaines. Un siècle plus tard, nous assistons à un retour en force de certaines idées et des périls qui y sont associés. Nous devons donc les aborder avec diligence et parcimonie. En plus des considérations liées aux thèmes exclus et sensibles ci-dessus, il convient de prendre en compte les éléments suivants…
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Le fascisme et le nazisme n’existent pas
Né en Italie sous l’impulsion de Benito Mussolini, le fascisme pourrait être défini dans son sens large comme une doctrine politique totalitaire prônant un régime dictatorial et anti-démocratique, un parti unique, le culte du chef et la glorification de la nation. Ce régime d’extrême-droite a pour objectif d’organiser l’entièreté des aspects de la société à la manière de “faisceaux” oeuvrant dans la direction décidée par le chef d’état. Contrairement au communisme souhaitant la fin de la propriété privée des moyens de production, l’état fasciste travaille de pair avec les grands (et riches) propriétaires pour servir les “intérêts de la nation”.
Le fascisme adopte fréquemment un discours raciste, homophobe, transphobe et sexiste justifié par la protection de la pureté de la nation. Qu’il s’agisse d’une supposée pureté du sang, d’une exaltation de la force virile ou d’une apologie de la famille traditionnelle et dominée par le père, il se fait un devoir de chasser tous ceux et celles ne correspondant pas à son cadre idéalisé. Poursuivant dans cette lignée, le nazisme quant à lui est apparu en Allemagne dès le début des années 1920. Explicité dans le livre “Mein Kampf” d’Adolf Hitler, le nazisme est une déclinaison du fascisme essentiellement raciste qui ne pourrait être dissocié du concept de hiérarchisation des “races” et de suprématie “aryenne”.
Étant donné le caractère extrêmement controversé et condamnable de ces doctrines tendant à refaire tristement surface de nos jours, le fascisme et le nazisme n’existent tout simplement pas dans l’univers de L’Odyssée. Toute représentation (ex : symboles, uniformes, devises, etc.) relevant des régimes fascistes et nazis de l’époque sont interdites. Les mots eux-mêmes n’existent pas, ces concepts n’ayant jamais été pensés. Si l’utilisation d’une représentation vous semble incertaine, communiquez avec l’Organisation de L’Odyssée pour en vérifier la légitimité.
Toutefois, nous ne pouvons ignorer le caractère central de ces idéologies dans le paysage politique et social de l’époque. Plutôt que de parler de fascisme et de nazisme, nous parlerons donc de gouvernements autoritaires ou dictatoriaux, de chefs d’état populistes faisant l’objet de cultes de la personnalité et de mouvements nationalistes. Ainsi, malgré le retrait de ces notions, nous maintiendrons la dynamique politique de l’époque opposant dictatures, démocraties, mouvements anarchistes et revendications socialistes et communistes.
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Colonialisme
En 1925, une importante proportion de la planète est soumise aux velléités colonialistes des nations occidentales. En Afrique et en Asie, nombre de peuples et territoires obéissent aux volontés de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Espagne et d’autres pays colonisateurs.
Dans l’univers de L’Odyssée, le colonialisme existe bel et bien. Cependant, nous en excluons les discours raciaux ou prétendument “civilisateurs”. Les nations-mères n’imposent pas leurs politiques dans l’objectif de rééduquer les peuples conquis ou de les exterminer, mais dans un pur désir impérialiste, économique et géopolitique dépourvu de connotation xénophobe ou raciale.
Il est important de noter que l’Organisation de L’Odyssée ne cherche pas à nier les horreurs historiques associées au colonialisme ou à redorer le blason des nations ayant imposé leur domination sur les peuples conquis. Cette conception fictive et épurée du colonialisme vise à trouver un compromis entre les exigences d’un jeu respectueux et l’importance historique de ce phénomène au début XXe siècle.
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Nativisme
Avant la Première Guerre mondiale, les États-Unis étaient la destination prisée de milliers d’immigrants et d’immigrantes en quête d’une vie meilleure. Dans les années 1920, le mouvement nativiste gagne en popularité et vient mettre un frein à cette vague migratoire. Les États-Unis sont animés par une volonté protectionniste voyant l’apparition de nouvelles lois anti-immigration et idéalisant une nation purgée des éléments jugés “non-natifs”. Plus encore, des organisations racistes comme le Ku Klux Klan connaissent leur heure de gloire et deviennent des actrices centrales de la société et de la politique américaine.
Dans l’univers de L’Odyssée, le mouvement nativiste -américain ou non- est réduit à un protectionnisme et un isolationnisme politique. Que ce soit au nom des intérêts économiques ou de la crainte d’un pays ennemi, les nations se referment sur elles-mêmes pour des considérations logistiques et sécuritaires et non pour des objectifs racistes. La ligne étant parfois mince entre ces notions (ex : Entre la peur justifiée d’un espion ennemi et la peur irrationnelle d’un simple immigrant), il convient de les aborder avec prudence.