structure de la foi

La religion, écrivit un jour l’académicien Gerthold, lie l’humanité à deux réalités distinctes et complémentaires : le Dieu et l’humanité elle-même. Le zélé qui pratique les rites sans vouer son cœur au Céleste ne peut être qualifié de croyant, tout comme le fou qui prête foi à un Dieu dont il est l’unique fidèle ne saura jamais n’être autre chose qu’un fou. Devant l’évidence de cette vérité, les Célésiens du royaume d’Ébène fondèrent, après le décès du premier prophète, des organisations religieuses au sein desquelles ils allaient pouvoir honorer d’une même voix le Très Haut. Or, le Céleste ayant pourvu l’Homme d’une liberté inaliénable, ces communautés, plutôt que de se réunir en une seule entité toute-puissante, campèrent leurs propres interprétations des saintes paroles et divisèrent le peuple de nos landes. Au fil des décennies, ces déchirements engendrèrent alliances, conflits et, malheureusement, guerres.

Au quatrième siècle de l’ère royale vint enfin le second Prophète, Monarque d’Ébène et fondateur de la dynastie royale actuelle. Par sa volonté, les congrégations divisées retrouvèrent l’unité sous une seule et même structure commune : la Foi céleste. Désormais, malgré les cultures diversifiées du pays, tous oeuvraient au sein d’une unique organisation aux multitudes de ramifications. Plus encore, cette organisation, sous le regard bienveillant du souverain d’Ébène et de ses représentants, veillait au maintien de la justice chez les Ébénois. Selon les décrets du concile de Porte-Sainte de 355 et sous les recommandations du conseiller spirituel royal Oliviero De Rimini, chaque comté historique (donc approximativement six ou sept par palatinat culturel) hébergeait alors un chapitre de la Foi, chacun divisé en trois branches ecclésiastiques. La fusion entre la foi et l’État était absolue. 

En 382, les troubles politiques menèrent à l’effondrement de la monarchie absolue de la dynastie royale à Yr. Lors du Concile d’Adrianna à l’automne, dans un souci d’éviter une guerre civile généralisée, les hauts seigneurs des duchés et territoires célésiens acceptèrent un compromis offert par leur ancienne reine. La souveraine reconnut officiellement l’autonomie politique des régions et accepta de les libérer de leurs serments, mais ces dernières, suivant la doctrine célésienne, se soumirent spirituellement à un clergé central trouvant ses racines dans la Cité d’Yr. Même s’ils étaient divisés par leurs ambitions terrestres et mortelles, les Ébènois demeureraient unis dans leurs aspirations spirituelles. Tout religieux peut aujourd’hui intégrer le clergé de la foi céleste et ce dernier peut intervenir sur l’ensemble des terres célésiennes grâce aux installations des chapitres de la Foi récupérées après l’ère du Monarque. C’est toutefois dans la Cité d’Yr, capitale célésienne, que les grandes décisions sont discutées et adoptées, forçant les religieux à s’y rendre pour faire entendre leur voix lorsque nécessaire.

Au sein du clergé, trois spécialités permettent aux ecclésiastiques de se démarquer…

Le théologien / La théologienne

Les théologiens préservent, étudient et consolident les dogmes célésiens, valident les traditions vivantes et analysent les écrits du Recueil des Témoins. Après des années d’études des saintes écritures, les théologiens, prêcheurs et exégètes siègent sur des Conciles -habituellement tenus dans la Cité d’Yr- où ils collaborent afin d’approfondir les rites célésiens et soumettre leurs recommandations aux divers ecclésiastiques d’Ébène. Les Conciles peuvent mener à la clarification, au retrait, à l’ajout ou à la modification d’une pratique célésienne, la foi étant perpétuellement en mouvement et en évolution. Si, théoriquement, les théologiens peuvent dicter la direction que prendra la religion, ils ne sont pas épargnés par les tractations politiques. La soif pour un culte libre et décentralisé demeure forte dans la population et une négation répétée ou abusive du particularisme religieux des fidèles pourrait mener à la formation de sectes, voire à des révoltes violentes. 

Par ailleurs, il est attendu des théologiens qu’ils s’acquittent de l’ensemble des tâches liées à l’enseignement, au missionnariat et à l’organisation de pèlerinages. Certains d’entre eux, voués aux pratiques introspectives comme la prière et la méditation, prétendront même être en lien direct et mystérieux avec le Céleste et accueillir ses prophéties et visions sacrées. 

L’Inquisiteur / L’Inquisitrice

Auparavant responsable de l’ensemble de la justice en terres ébènoises, le clergé n’est désormais responsable que de la justice religieuse et spirituelle, les autorités laïques des régions s’étant réapproprié leurs droits d’agir contre les crimes communs. Il revient aux Inquisiteurs, dispersés en compagnies armées dans les anciens chapitres de la Foi du territoire -l’armée religieuse de la Rex Hasta fut intégrée à ce corps-, d’enquêter sur les crimes religieux, traquer les blasphémateurs et hérétiques et châtier les coupables. Lorsque les lois ne laissent pas place à interprétation et que la culpabilité d’un individu ne fait aucun doute, les Inquisiteurs sont à la fois policiers, juges et bourreaux. Et lorsque les hérétiques sont nombreux et armés, les Inquisiteurs forment le coeur de l’armée de la Foi. 

Dans certaines occasions, les actes perpétrés par des Célésiens ne sont toutefois pas suffisamment graves pour justifier une arrestation immédiate. Dans un tel cas, les Inquisiteurs peuvent convoquer un Tribunal inquisitorial qui déterminera le risque que représente le comportement d’un individu pour l’intégrité de la Foi et la nécessité d’imposer une peine modérée (ex : amende, pèlerinage, etc.). Les théologiens pourront alors contribuer à la réflexion en tant que consultants. Il arrive fréquemment qu’un Tribunal inquisitorial mène à la tenue d’un Concile théologique, les textes étant toujours insuffisants pour prévoir les incalculables éventualités de la vie religieuse. 

Le Cellérier / La Cellérière

Les activités du clergé de la Foi céleste requièrent des fonds substantiels et constants. La Divine Adrianna assure le financement de celles-ci, mais il revient aux Cellériers de veiller à la répartition, distribution et santé financière de l’institution. Lorsqu’une troupe d’inquisiteurs exige des armes pour combattre une secte hérétique, qu’un théologien doit débourser des ducats pour emprunter un texte antique éclairant sous un angle nouveau un passage du Recueil des Témoins ou qu’une messe doit être tenue, le Cellérier délie les cordons de la bourse qui lui fut confiée pour garantir la réussite de ces entreprises. 

À l’affût de l’état de la trésorerie du clergé, les Cellériers peuvent par ailleurs utiliser leur réseau pour collecter des dîmes dans les régions célésiennes. Perçues avec suspicion par les fidèles qui n’apprécient que rarement être taxés pour leur pratique religieuse, les dîmes sont pourtant des outils essentiels à l’équilibre financier du clergé et aux ambitieux projets de ses membres.

Le Juge royal

Autrefois un rouage fondamental dans l’administration de la justice dans les chapitres de la Foi partout dans le royaume d’Ébène, le Juge royal est maintenant un intermédiaire entre les décisions du clergé de la Foi céleste et la Divine Adrianna. La voix du Dieu ne fréquentant que rarement les réceptions du palais d’Yr, il revient au Juge royal -présent uniquement dans la Cité d’Yr- d’informer les ecclésiastiques à propos des volontés de la Divine, remettre le financement des Cellériers, approuver les Tribunaux inquisitoriaux, Conciles théologiques et Dîmes et de confirmer les peines et châtiments exigés par l’Inquisition. 

Par ailleurs, le Juge royal garantit la mise en oeuvre du Pacte du Vin, une tradition célésienne garantissant le maintien de la paix et des civilités lors des réceptions d’Yr. Le Pacte du Vin stipule en effet que, dès que la première gorgée de vin est bue chez l’hôte d’une rencontre, célébration, cérémonie ou autre occasion mondaine, les effusions de sang et violences non-consenties sont châtiées par le Céleste lui-même. Considérée comme sacrée, cette tradition est pratiquée depuis bien avant l’avènement du premier Prophète, les premiers en ayant fait les frais étant la famille Torrense de Casteval dans les temps anciens.