YR
Capitale : La Cité d’Yr
Devise historique : « Élus du Céleste »
Inspirations : Monarchie absolue, métropole, impérialisme
Située à l’extrémité sud des îles d’Yr, là où les eaux de la Laurelanne et de la Baie d’Ambroise se confondent, la capitale du royaume d’Ébène est l’ultime héritage du premier Roi-Prophète légué à son peuple après sa mort. Dès son avènement lors des premières années de l’ère royale, le suzerain fit le choix judicieux d’établir le coeur de son pouvoir sur une terre libre de toute allégeance envers un seigneur-palatin. Ce sont les modestes îles d’Yr au nord, faiblement occupées et laissées à elles-mêmes par les puissants de Laure, Fel et Avhor, qui attirèrent l’attention du Roi et qui furent les hôtes de ses plus ambitieux projets.
La faible population résidant sur l’île et l’absence d’infrastructures ne facilitèrent pas les travaux devant mener à l’aménagement d’une ville habitable, mais pendant les vingt années qu’allait durer le projet d’édification de la cité sainte, le Roi ne démordit jamais de son choix. D’ailleurs, rares furent les audacieux qui remirent celui-ci en question. Non seulement cette position géographique était-elle le meilleur compromis pour ne pas heurter les susceptibilités des seigneurs du royaume -nul ne détenait officiellement la propriété de l’île d’Yr- mais n’importe quel stratège savait qu’en contrôlant cette petite parcelle de terre, le régent s’assurait un droit de regard sur l’ensemble des activités commerciales de la Laurelanne, principal affluent du royaume. Plus encore, cela lui offrait un avantage sur la cité de Gué-du-Roi, dont la force économique et militaire dépassait largement celle des autres agglomérations à l’époque.
Grâce à la contribution de la Compagnie d’Yr constituée d’artisans volontaires en provenance des quatre coins du royaume, le premier célestaire destiné au Céleste s’éleva au-dessus des eaux sombres de la Baie d’Ambroise. Sous la volonté du Prophète, le monument fut érigé à l’est du bourg naissant, là où les premiers rayons solaires de l’aube pouvaient envelopper le beffroi sacré. Tout naturellement, les travailleurs de la Compagnie d’Yr construisirent leurs chaumières dans les alentours du chantier et, lorsque ceux-ci prirent la toge pour se faire ecclésiastiques, le quartier environnant le célestaire devînt officiellement le haut-lieu des affaires religieuses de la capitale.
L’effervescence qui s’empara de l’île d’Yr lors de ces grands projets déplaça temporairement l’axe commercial contrôlé par Gué-du-Roi vers la capitale. Effectivement, si les barques de Felbourg et des palatinats du Sud transigeaient toujours par la Laurelanne et la région lauroise, les navires en provenance d’Avhor, Salvamer, Cassolmer et même de l’île souveraine de Pyrae commencèrent à accoster directement aux docks de la cité d’Yr. Rapidement, les quais, entrepôts et infrastructures portuaires se multiplièrent grâce aux investissements de la Banque d’Ébène et, en moins de deux ans, tout le sud de la capitale fut voué au commerce. Bien sûr, au fil des siècles, Gué-du-Roi reprit son hégémonie sur le négoce national, mais Yr conserva nombre de maisons marchandes étrangères ou issues des grandes guildes ébénoises.
Le début du quatrième siècle de l’ère royale vit toutefois s’opérer de profondes transformations au sein de la capitale. En premier lieu, l’invasion du Vinderrhin en 322 ébranla jusque dans ses fondements la cité. Par le fer et le feu, les hordes du nord pénétrèrent les murs d’Yr et apportèrent la guerre jusqu’aux portes du palais princier. Si ces guerriers furent repoussés de justesse par les forces ébénoises, elles scarifièrent la ville en massacrant son peuple et incendiant ses quartiers. Ce n’était qu’une question de temps avant que la capitale affaiblie ne succombe sous les coups de nouveaux ennemis, issus de l’intérieur cette fois. Insatisfaits du règne de la princesse Théodoria de Corrèse, une coalition des seigneurs d’Ébène débarqua sur les îles princières et renversa lors de violents combats la suzeraine. Ce premier coup d’état militaire de l’Histoire devait paver la voie à la venue du Guérisseur couronné -fondateur de la lignée royale actuelle- en 323. L’avènement de la nouvelle dynastie royale à Yr, au terme des guerres des dernières décennies et la centralisation extrême des pouvoirs correspondante, stimula finalement fabuleusement le dynamisme de la capitale, autant économiquement que politiquement et spirituellement.
De nos jours, nulle cité du royaume ne peut rivaliser avec la splendeur et la prospérité d’Yr. La monarchie absolue, contrairement aux règnes princiers des trois premiers siècles de l’ère royale, attire à elle des revenus constants des quatre coins du pays. Dans les quartiers de la cité, des Ébénois de tous les horizons -et même des étrangers à l’Ébène- échangent quotidiennement des étoffes, vins, chevaux d’élevage et bijoux décadents sur les nombreuses places publiques. Gueux à la recherche d’emploi et hauts-nobles en missions diplomatiques se côtoient autour du Siège des Témoins, point de convergence des pèlerinages célésiens vers le nord. Jamais le port d’Yr ne dort, des caravelles et galions jetant l’ancre nuit et jour afin de tirer profit des trésors rassemblés dans les entrepôts de l’île.
Le cosmopolitisme de la cité d’Yr rend difficile une description précise du comportement général de ses habitants. Néanmoins, au fil des années, la centralisation des pouvoirs -et donc des opportunités- en ce lieu a attiré son lot de rapaces. Pour qui souhaite se démarquer dans la capitale, l’ambition et l’audace sont désormais des nécessités. Le citadin d’Yr, aux yeux des voyageurs, sera souvent perçu comme un individu opportuniste, flexible et même hypocrite. Pour gravir les échelons de la cour royale, tous les coups sont permis. Ceux qui se priveront des moyens à leur disposition risquent, à trop s’approcher du Soleil, d’être consumés par ce dernier.
Sur le plan vestimentaire, les citadins d’Yr placent les apparences au-dessus de toute autre considération. C’est en affichant des parures supérieures à son statut que l’on parvient à faire croire à autrui que l’on mérite de recevoir honneurs et titres. Lors des célébrations publiques, dorures, argenteries, gemmes et ornements précieux transforment les avenues de la capitale en rivières scintillantes d’un faste clinquant.