L’UNION COMMERCIALE DU SUD
Quartiers-généraux : L’Arsenal, Corrèse
Devise : « Défricher la route »
Secteurs d’activité : Commerce intérieur de matières premières et secondaires
Autrefois, le commerce terrestre dans les plaines de l’Orrhindas, dans le sud du royaume, était assuré par une organisation du nom de « Guilde d’Arianne ». Fondée en l’an 54 à Cellryn, en Cassolmer, les activités de la guilde se concentraient autour de l’exploitation et de la distribution de matières premières. Par de judicieuses tractations politiques et économiques, cette organisation fut achetée en 319 puis intégrée au réseau commercial de la Guilde Franche d’Ébène, établie à Fel, jusqu’au démantèlement soudain de cette géante du commerce quelques années plus tard.
Privés de cette représentation économique, les marchés du sud du royaume furent momentanément désorganisés et bien des surplus d’inventaire furent perdus ou vendus à perte de crainte d’être gaspillés (lorsqu’ils ne furent pas tout simplement rachetés par le crime organisé). Historiquement, les Salvamerois, Avhorois et Felbourgeois, par leur ouverture sur les marchés étrangers, développèrent une certaine fibre marchande, leurs populations aiguisant toujours davantage leur sens des affaires. Cette tradition mercantile est toutefois beaucoup plus faible dans les territoires s’étendant entre Corrèse et Cassolmer, pour la plupart soucieux d’atteindre l’autosuffisance dans un objectif politique.
En 321, l’idée de regrouper les marchands des palatinats méridionaux germa simultanément dans l’esprit de plusieurs négociants. L’impulsion initiale vint de la région de Mordaigne, au nord de Corrèse, puis trouva de nombreux alliés au Sarrenhor et au Val-de-Ciel. Ces trois palatinats, ayant connu plusieurs conflits territoriaux dévastateurs par le passé, étaient prêts à expérimenter de nouvelles méthodes. En partageant les ressources de leurs terres par un commerce structuré et respectueux, les fondateurs espéraient voir émerger de nouvelles pratiques. Éventuellement, les discussions s’élargirent afin d’intégrer Cassolmer, marginalisée depuis des décennies, et Pyrae, cherchant ponctuellement à financer des initiatives rentables. C’est lorsque survint l’invasion du Vinderrhin et l’implication de nombreux marchands de l’ancienne Guilde franche d’Ébène dans la création de leurs flotte et armées que le ras-le-bol fut suffisant chez les gens du Sud pour que l’Union commerciale du Sud voit le jour.
Initialement, l’Union défendit bec et ongle les intérêts de ses membres. Organisation prioritairement confinée à une zone géographique du royaume, elle ne se souciait ni du commerce à l’étranger, ni des crises économiques du nord du pays. Le bois de Corrèse était échangé à prix avantageux pour du blé du Sarrenhor, tout comme les poissons de Cassolmer se frayaient un chemin immédiat vers les cuisines des carrières de pierres du Val-de-Ciel. Le déclenchement de la Guerre de l’Avènement devait toutefois brouiller les cartes et menacer la bonne entente entre les partenaires commerciaux. Si les Sarrens et Corrésiens de l’est prirent le parti des Républicains, les Valéciens et plusieurs Cassolmerois se rangèrent aux côtés du Guérisseur couronné. Les événements devaient donner raison à ces derniers, mais les choix judicieux qu’effectuèrent les premiers en matière de commerce allaient assurer la pérennité de l’Union après les affrontements.
Effectivement, dès 323, un influent négociant corrésien du nom de Vlado Trifoni entreprit l’édification d’un arsenal commercial incontournable. Construites à proximité du lac de la Croisée, à la jonction des territoires corrésiens, laurois et felbourgeois et de la cité de Mordaigne, ces installations jouaient le rôle de poste douanier au sud-ouest du royaume. Toutefois, l’ambition de Trifoni ne se limitait pas à ces infrastructures. Tout en gérant quotidiennement le flot de marchandises circulant sur ses terres, il conclut une multitude de traités commerciaux contraignant avec des marchands de tout Ébène. Monarchistes comme patriciens figuraient indistinctement parmi ses clients de sorte que, au terme du conflit, tous entretenaient des relations, intimes ou ténues, avec l’Arsenal.
Avec l’appui des seigneurs corrésiens et du Protectorat de l’Orrindhas, le complexe commercial formé par Mordaigne et l’Arsenal devint définitivement le cœur de l’Union commerciale du Sud. Non plus limitée au sud du royaume, l’organisation s’était assurée une place de choix dans tout le pays. Grâce à la création de nouvelles routes -dont le nouvelle axe entre les Semailles de Corrèse et le Sarrenhor, l’acquisition de guildes mineures vouées à l’exploitation de matières premières et à la construction de postes de traite, l’Union devint une actrice incontournable en Ébène. Son principal exploit fut de prendre en charge l’édification des nouveaux chapitres de la Foi exigés par le Monarque au lendemain du Concile de Porte-Sainte, ce qui lui permit d’affirmer sa réputation autant auprès des religieux que de l’aristocratie.
Aujourd’hui, nul ne peut ignorer l’influence de l’Union sur le marché des matières premières et secondaires ainsi que du transport de marchandises. Produits agricoles, minerai de fer, blocs de marbre, billots de bois et fruits de la pêche ne sont que quelques exemples des ressources transigées dans les innombrables postes et entrepôts de l’organisation. En raison des prix privilégiés offerts à ses membres, les guildes régionales de constructeurs, maçons, forgerons et autres artisans s’affilient aussi fréquemment à l’organisation de sorte que la Couronne elle-même en est devenue une cliente.
Néanmoins, l’Union n’outrepasse pas ses champs de spécialité. Délaissant le commerce maritime, les marchés de produits de luxe, le mercenariat et les services de prêts, elle se contente d’affermir sa mainmise sur l’économie primaire d’Ébène. De nature décentralisée -la direction de la guilde de l’Arsenal n’exigeant que peu de frais d’adhésion et limitant l’imposition de règlements contraignants, l’Union sait habituellement persuader ou racheter ceux qui pourraient envisager de lui faire de l’ombre.