Terre des Roses

Capitale : Ville-Sans-Ombres

Devise historique : «Ici s’arrêtent les ombres»

Inspirations : Méfiance, sectarisme, communautarisme


Depuis des siècles, le royaume d’Ébène partage des frontières avec une énigmatique contrée au sud des Monts Namori. La république fantôme du Firmor, comme décidèrent de la surnommer les explorateurs, représenta de tout temps un mystère absolu pour les voyageurs souhaitant s’y aventurer. Effectivement, tous les récits des aventuriers rapportent que le moindre périple entrepris en direction des sentiers montagneux dévastés de ces landes se soldait par des jours d’errance ponctués de paysages désolés et d’hallucinations oniriques. Malgré des tentatives répétées, nul courageux ne parvint à débusquer une ville firmori, tout comme aucun cartographe ne réussit à dresser une carte fiable de ces forêts mouvantes. Seuls les rares marchands et émissaires originaires du Firmor semblaient réussir à communiquer avec l’Ébène, l’inverse s’avérant inconcevable.

Or, en 322, un phénomène troublant survint. Soudainement, les Firmoris disparurent de la surface de ce monde. Autant les sentinelles stationnées près des ravins des Gorgias au Val-de-Ciel que les voyageurs firmoris invités dans les cours ébénoises se volatilisèrent. Intrigués, les érudits du royaume organisèrent en réponse à ce surprenant événement de nouvelles expéditions en terres du sud. Cette fois, celles-ci parvinrent à atteindre d’anciennes cités abandonnées et dévastées. Encore aujourd’hui, les secrets débusqués dans ces ruines demeurent jalousement gardés par une poignée d’individus. Toutefois, un fait s’imposa à tous : l’inexplorable territoire du Firmor était désormais ouvert aux voyageurs d’Ébène.

Dès 323, une opération de grande envergure fut organisée par des seigneurs de Fel, Avhor et du Val-de-Ciel. Rassemblant leurs effectifs et ressources, ces dignitaires affrétèrent une poignée de navires et envoyèrent quelques centaines de colons dans les lugubres terres firmories. Tout d’abord, ceux-ci s’emparèrent du port abandonné étranger de Laganas et le rebaptisèrent « Port-Abondance ». À partir de ce point, ils débutèrent la colonisation des régions environnantes. Fervents partisans du Guérisseur couronné, de la nouvelle monarchie et d’un culte célésien fort et radical, ils fondèrent par la suite les agglomérations de Ville-Sans-Ombre, de Fort Sentinelle et du Havre-d’Adrianna. En raison des magnifiques fleurs bleutées qui tapissaient les sols présumément stériles des forêts en ces régions, cette première colonie fut appelée « Terre des Roses ».

Les Ébénois ne furent malheureusement pas les seuls à tirer profit de la disparition soudaine du Firmor. Quelques mois après la fondation de la Terre des Roses, les éclaireurs rapportèrent l’apparition de cohortes inconnues en provenance de lointains territoires au sud. Rapidement, tout contact pacifique et diplomatique avec ces individus se révéla impossible. Couvrant leur peau du sang de leurs ennemis, ces sauvages meurtriers ne semblaient avoir qu’une seule ambition : capturer d’innocents ébénois afin de les offrir en sacrifice à leur sombre divinité. Au fil des rumeurs et des récits horrifiants, des noms furent attribués à ces réalités. Les sauvages devinrent les « Éveillés », leurs terres lointaines surnommées « Clans des rêves » et leur dieu grotesque qualifié de « Dévoreur ». En dehors de ces mots graphiques, rien ne put être découvert à propos de ces barbares.

Pendant des années, des rixes mineures survinrent entre les deux peuples. Toutefois, le premier assaut en bonne et due forme se concrétisa en l’an 360 sur Havre-d’Adrianna. Lors d’une nuit sans lune, les Éveillés attaquèrent massivement la communauté maigrement fortifiée. Le témoignage des rares survivants ayant échappé à la vigilance de l’ennemi hante toujours les cauchemars des colons. Après avoir rassemblé les innocents dans le temple célésien local, les hérétiques arrachèrent et dévorèrent un à un les cœurs des habitants. Lorsque les sentinelles parvinrent à reprendre Havre-d’Adrianna, ils ne découvrirent aucun cadavre. Seul le sol imbibé du sang des victimes prouvait qu’un massacre y avait été perpétré.

Depuis cette tragédie, les colons ont interrompu l’expansion de la Terre des Roses afin de fortifier leurs positions. La fréquence accrue des attaques et la cruauté des Éveillés marquèrent profondément les esprits des Célésiens. Initialement audacieux et confiants en la capacité du Céleste à les protéger, ils ont appris à prendre en mains leur propre sécurité. Méfiants envers les étrangers, ils placent leur communauté et leur propre famille au cœur de leurs préoccupations. Ainsi, même si la Terre des Roses est constituée de trois villes, chacune de celle-ci vit en réclusion au quotidien. Toutes partagent néanmoins une profonde foi envers le Céleste, s’estimant investies d’une mission divine de propagation de la lumière célésienne aux confins de ce monde. Chaque aspect de leur existence est donc régi par cet impératif, ce qui fait de leurs colons des zélotes hors-normes.

Sur le plan vestimentaire, les menaces païennes déterminent directement les habitudes des habitants de la Terre des Roses. Leurs armures, apparats religieux et toges et robes modestes sont à l’image de cette dure réalité.