SARRENHOR

Capitale : Lys d’or, le caravansérail

Devise historique : « Ciel et Sang »

Inspirations : Liberté, robustesse, férocité


Le Sarrenhor est le grenier du royaume d’Ébène. Immense territoire dont Lys d’Or est la première agglomération, cette région est essentiellement constituée de plaines verdoyantes à l’ouest et de steppes moins fertiles à l’est. Même si ses habitants ont adopté officiellement le féodalisme depuis des millénaires, la noblesse y a traditionnellement pris la forme de clans nomades sillonnant et entretenant le territoire à leur gré. Les anciens récits soutiennent que, à l’arrivée des Sarrens -à cette époque appelés « Enfants d’Arianne »- dans leurs landes actuelles, la forêt d’Ébène s’étendait à perte de vue. Les Macassars, gardiens des étendues sylvestres désormais disparues, combattirent ardemment les arrivants du sud et périrent lorsque ces derniers décidèrent d’incendier et de raser systématiquement leurs bois sacrés. L’entreprise exigea des siècles d’efforts et de sacrifices, mais, à l’aube de l’ère royale, l’Orrindhas, nom donné à l’ensemble des landes sacrées Sarrens, était libéré de la ténébreuse forêt et de ses dangereux habitants. De nos jours, seuls quelques bosquets témoignent encore de cette époque révolue.

Étonnamment, les clans du Sarrenhor, malgré leur vagabondage incessant au cours de l’Histoire, respectent minutieusement certaines frontières naturelles délimitées par leurs ancêtres. Très rarement franchissent-ils les eaux de la Laurelanne ou des Criffes et pénètrent-ils dans les vaux des monts Namori. En revanche, au nord et à l’est, leurs déplacements sont moins circonscrits, ce qui entraîne des rixes avec les seigneurs frontaliers de Cassolmer, Laure et Corrèse. En 322, une scission survint toutefois au sein du peuple sarrens. À la suite à de profondes mésententes entre les partisans de l’ouverture sur les autres palatinats et du progrès -menés par les forces de Lys d’Or- et les adeptes des traditions de pillage et de libre chevauchée -guidés par les clans des Vors et des Édar, Sigismond le Vif, Grand chevaucheur du Sarrenhor, trouva la mort de la main de son opposant Ghoran lors d’une trahison à Gué-du-Roi. Afin d’éviter une guerre civile sanglante, le comte-protecteur du moment, Salomon d’Iscar, accepta de diviser les plaines en deux. À l’est naquirent donc les Plaines libres tandis qu’à l’ouest perdurait le territoire sarrens dirigé depuis Lys d’Or. C’était la première fois de mémoire d’Homme que le Sarrenhor était aussi dangereusement déchiré et, encore aujourd’hui, cette division perdure.

Peu avant le déclenchement de la Guerre de l’Avènement, une seconde série d’événements transforma profondément les plaines. Sous la guidance de Salomon d’Iscar, désormais connu sous le nom de Salomon l’Avisé au moment où il s’empara du titre de Grand chevaucheur, l’attention des steppes se tourna vers son voisin corrésien. Grâce à des mariages stratégiques avec des nobles de Corrèse et du Val-de-Ciel et à de sanglantes luttes armées, l’homme étendit les territoires de l’Orrindhas jusqu’à Mordaigne. Pour la première fois depuis des siècles, les Sarrens ne se définissaient plus par le clan auquel ils appartenaient, mais pas leur adhésion à l’ambitieux projets d’unification des peuples du sud. Le fossé entre les deux philosophies des steppes se creusa alors : à l’ouest, les partisans d’un Orrindhas fort, chevaleresque et féodalisé, et à l’est les adeptes d’un Sarrenhor décentralisé, pillard et fidèle à ses traditions claniques.

Sur le plan culturel, il est difficile de définir par une seule caractéristique les Sarrens. À l’ouest, l’influence du féodalisme corrésien et laurois s’est fait sentir au fil des années. Jusqu’à Lys d’Or, les récits des anciens chevaucheurs, souvent perçus comme des chevaliers errants, ponctuent les soirées autour du feu. Depuis une cinquantaine d’années, des hameaux permanents où se dressent des chaumières de bois et de paille font leur apparition en ces régions, signes de l’efficacité des politiques centralisatrices et réformatrices du défunt Salomond l’Avisé. Néanmoins, à l’est de Lys d’Or jusqu’à Cassolmer, les chevaucheurs restent profondément attachés à leurs idéaux ancestraux. Les pillards et brigands y pullulent et les champs n’y sont que très librement exploités. Ainsi, lorsque les zones d’errance y sont reconnues, ces clans parcourent les régions et jettent à tout vent les semailles de leurs futures récoltes. Ils laissent alors la nature faire son oeuvre et ne reviennent récolter leurs denrées qu’occasionnellement afin de les échanger sur les marchés environnants. Bien sûr, cette méthode de travail entraîne son lot de pertes et ne maximise aucunement l’exploitation du territoire, mais elle perdure depuis des siècles et s’ancre profondément dans la tradition des Sarrens de l’est.

Néanmoins, certaines habitudes rassemblent tous les Sarrens. La principale est l’élevage des chevaux et la production de destriers d’exception. Cette activité pourrait n’être qu’un simple rouage de l’économie des steppes, mais le peuple des plaines en a fait une véritable fierté. Vifs comme le vent et solides comme le roc, les chevaux du Sarrenhor transportent les dignitaires de tout le royaume. Le plus célèbre destrier sarrens est le Sorhinar sacré, cheval rapide comme le vent et d’une endurance quasi surnaturelle réservé à l’élite des chevaucheurs. L’élevage de cet animal est le symbole même du tempérament des Sarrens : endurcis par l’Orrindhas, ils cherchent constamment à s’élever au-dessus des « étrangers ». Pour cette raison, les voyageurs ont tendance à rapporter de cette région des récits mettant en vedette un peuple hostile et brusque refusant l’amitié de ceux qu’ils ne connaissent guère. Pourtant, celui qui prendra le temps de se rapprocher de ces brutes affables découvrira en eux une race d’hommes et de femmes profondément libres, chaleureux et soucieux de l’élévation du genre humain.

Sur le plan vestimentaire, les laines et les cuirs épais constituent les matériaux de base des confections sarrens. Pour ceux-ci, seuls la durabilité et le confort offerts par l’accoutrement importent. À quoi bon multiplier les parures et les tissus fins si ceux-ci attirent les brigands, s’usent sous le Soleil ou se désagrègent sous l’effet de la pluie? Cette perception rustique de la mode attire d’ailleurs souvent les réprimandes des habitants plus « distingués » du royaume.