PYRAE
Capitale : —
Devise historique : « De feu et d’acier »
Inspirations : Volupté, perfection, combattivité
Pyrae l’ardente. Pyrae la mystérieuse. Pyrae l’insulaire. Occupant autrefois l’île de Kessa et les îlots environnants sur la Vaste-Mer, les Pyréens chérissaient leur culture unique et exotique. Farouches mais voluptueux, martiaux mais diplomates, polygames mais Célésiens, ils usaient de leur statut d’insulaires pour préserver des mœurs qui auraient scandalisé n’importe quel continental.
Or, au coeur de Kessa, au centre même de l’agglomération de Pyrae-la-Cité, dormait le monstre qui allait sonner le glas de la nation pyréenne ; l’Iniraya, terrible volcan assoupi depuis des temps immémoriaux, fit à la fois la gloire et la déchéance du palatinat. Effectivement, dans ses alcôves volcaniques, les forgerons pyréens forgeaient des armes et armures d’un acier légendaire, le tout pendant que des technologues en extrayaient des vapeurs mettant en mouvement des machines audacieuses. Toutefois, inévitablement le feu brûle ceux qui se plaisent à le manipuler. Ainsi, en 323, à la suite d’événements que plusieurs qualifieront de mystiques, l’Iniraya émergea de son sommeil et déversa ses torrents de lave sur l’île de Kessa. Quelques jours plus tard, l’héritage pyréen était enseveli sous un océan de flammes et de cendres.
De cette tragédie émergea néanmoins plusieurs miracles. Conscients de l’inéluctable catastrophe à venir, des Pyréens se mobilisèrent afin de sauver leur peuple. D’un commun effort, les principales familles des îles se rassemblèrent. Sous la guidance de l’alchimiste Ashana Rai, une concoction fut jetée dans le cratère principal de l’Iniraya pour ralentir les vagues de feu. Avec les connaissances anciennes de Hakim Al’Akdhir et de Milena Cassano, des rituels antiques furent menés pour apaiser les forces de la Nature. Enfin, grâce aux conseils de Sulayman Rai, une immense flotte d’évacuation fut construite et rassemblée. Lorsque le volcan déchaîna sa colère, des milliers de Pyréens fuyaient vers le continent, sains et saufs. Du moins, le croyaient-ils.
L’accueil que reçurent les exilés dans les huit palatinats ne fut pas à la hauteur de leurs espoirs. La Guerre de l’Avènement s’envenimant, les Ébénois observèrent avec suspicion ces Pyréens aux intentions et allégeances floues. Nul haut seigneur n’avait la capacité ou la volonté d’héberger l’entièreté de ces hordes de malheureux à l’avenir incertain. Les Pyréens en exil furent alors forcés de faire le deuil de leur patrie et de se disperser aux quatre vents. Telle une diaspora désunie, ils s’accommodèrent comme ils le pouvaient de leur situation. De nombreux trouvèrent refuge à Vallon, en Laure, où plusieurs des leurs s’étaient enracinés lors des mois précédents. Dans les années qui suivirent, plusieurs y trouvèrent la mort sous les décrets cruels de l’une des leurs, Aishwarya Rai. D’autres s’établirent à Avhor, Salvamer, Val-de-Ciel et même à Fel où ils furent promptement confinés à des fiefs ou quartiers urbains où les autorités pouvaient les garder à l’œil.
L’exemple des Amezaï, dernière famille régnante de Pyrae, caractérise d’ailleurs le sort de la plupart de ces exilés. Supposés trouver refuge dans la cité d’Yr avec l’autorisation du dernier prince d’Ébène, ils furent confrontés à la présence hostile des royalistes ayant conquis la ville. Après des négociations serrées, le monarque accepta leur présence dans la capitale et leur offrit le logis dans un quartier -renommé plus tard « la Nouvelle Kessa »- à proximité du port. Pour des années à venir, ceux-ci seront stigmatisés par les citadins d’Yr, considérés comme des visiteurs suspects, voire indésirables, par les natifs des lieux.
Un malheur ne venant jamais seul, l’apparition de l’armada de la Ligue d’Ardaros à l’est de la Vaste-Mer la même année sapa les derniers espoirs des Pyréens de regagner leurs îles. Clamant que la tempête de feu ayant chassé les Célésiens de Kessa était le fait de leur dieu-tyran Ardar, les Ardarosiens débarquèrent massivement sur les plages de Pyrae et les annexèrent. Sous le nom de la « Lance d’Ardar », ils y fondèrent une nouvelle colonie sous les ordres d’un traitre à la nation ébénoise, l’hérétique Rangatira Enrich Britt. Néanmoins, ils laissèrent sous le contrôle de Pyréens quelques petites îles environnantes de même qu’une section miraculeusement épargnée par les flammes de la jungle de Nui au nord de Kessa. De modestes communautés célésiennes y résident toujours, entretenant une relation d’amour/haine avec les Ardarosiens.
Depuis l’exode de 323, les Pyréens tentent tant bien que mal de préserver leurs cultures à l’intérieur de leurs communautés respectives. Sans autorité centrale pour coordonner leurs efforts, ils se soumettent habituellement aux impératifs du fief ou de la cité qui les accueille. Cet effort quasi-impossible de conservation de leurs mœurs a cependant des failles. Déjà, les traditions polygames qui leur étaient chères durent être abandonnées afin de satisfaire aux exigences de la Foi célésienne renouvelée et des codes maritaux des Ébénois du continent. Désormais, toute union polygame est jugée comme une offense à la parole des monarques et du Céleste.
De plus, les origines ardarosiennes lointaines des habitants de Pyrae sont souvent des prétextes suffisants pour leur chercher querelle. Qu’il s’agisse de leur tenue vestimentaire -misant sur les soieries et les couleurs vives, de leurs croyances religieuses -plus mystiques que la moyenne- ou de leur ouverture sur certaines pratiques sociales -alcool, drogues et autres, plusieurs éléments rappellent aux observateurs aguerris les traditions des marchands en provenance de la lointaine contrée d’Ardaros. Cependant, ces rapprochements avec les marins étrangers ne sont guère appréciés des Pyréens qui préfèrent mettre l’accent sur leurs propres traditions.
Effectivement, le climat suave de Pyrae a historiquement fait naître chez ses occupants une passion pour les plaisirs et les subtilités de la vie. Les fruits sucrés, les tissus exotiques et les encens enivrants se sont frayé un chemin dans les cours de sa populace. Lorsqu’un Pyréen aspire à impressionner un invité, il sait mettre à sa disposition une panoplie de trésors pour les sens. Même s’ils sont peu nombreux, les banquets et sommets de cette communauté sont souvent les plus courus. Pourtant, derrière les charmes et les distractions de ces regroupements se cachent des individus ne tolérant pas l’insulte ou la contradiction. Encore plus depuis la perte de leur île ancestrale, on constate que les Pyréens voue un culte presque frénétique aux arts guerriers. On remarquera rapidement des tatouages apparents chez nombre de ceux-ci. Après chaque bataille, tournoi ou chasse couronné de succès, c’est un nouveau symbole qui est gravé dans la peau du guerrier. Ce peuple fait des exploits martiaux un objet d’admiration. Chaque année, cette réalité cause des querelles parfois meurtrières entre les Pyréens et des visiteurs étrangers un peu trop audacieux. Questionner l’honneur d’un habitant des îles ou douter de ses aptitudes est donc hautement déconseillé.
Néanmoins, depuis l’explosion de l’Iniraya, un récit perdure dans l’ensemble des communautés pyréennes. Transmis par Hakim Al’Akdhir, porteur du sabre des Nazem, il encense les 8 gardiens de l’âme de Pyrae. Sacrifiée pour sauver leur peuple des flamme, le nom de la famille Nazem est toujours salué et honoré lors des diverses activités quotidiennes :
– Drissia la Mère
– Zeryab le Protecteur
– Assad le Seigneur
– Jadia la Dame
– Jallila la Scribe
– Antar le Savant
– Ghassan le Sage
– Alyss la Martyre
Par eux et pour eux, un jour Pyrae renaîtra de ses cendres.