FEL

Capitale : La Forteresse du Fils, l’Imprenable

Devise historique : «Oublier nous ne devons»

Inspirations : Progrès, patriotisme, hiérarchie


S’enracinant sur les bords de la mer Blanche et traversant le royaume en son cœur d’ouest en est, l’imposant duché de Fel est le premier allié de la Couronne d’Yr. La famille Aerann, toute-puissante au sein du duché, a su en l’an 343 de l’ère royale s’assurer une place de choix dans le nouveau royaume des monarques d’Yr en mariant l’une des siennes -Isadora Aerann- au Guérisseur couronné. Fel, jusqu’alors considéré comme le mouton noir des palatinats ébénois, se transforma en un inébranlable pilier d’Ébène. Cette alliance permit au duché, au terme de la Guerre de l’Avènement, de maintenir son emprise sur les territoires conquis par les armes lors des années précédentes et de devenir une incontournable puissance politique d’Ébène.

Historiquement, Fel -ou Felbourg, comme on l’appelait auparavant- se résumait à sa principale métropole, Felbourg la cité. Modestement peuplée avant le début de l’ère royale, la ville marchande était, comme la plupart des bourgs du royaume, le point de convergence de la riche vie rurale qui l’environnait. Or, lorsque le Sang’Noir atteint les faubourgs de la communauté, la population se massa à l’intérieur des fortifications dans l’espoir d’y trouver un quelconque réconfort. Ce mouvement migratoire aurait pu s’avérer catastrophique s’il n’avait pas été accompagné de l’apparition du Roi-Prophète qui libéra le bourg des enragés. À la suite de ces événements, bon nombre d’anciens paysans et de serfs décidèrent de s’établir définitivement sur place pour y oeuvrer à titre d’artisans, de commerçants ou, dans les cas moins reluisants, de larrons. Avec le temps, la métropole vit non seulement sa population augmenter sous l’afflux des immigrants en quête de prospérité, mais se divisa en nombreux quartiers correspondant à autant de castes sociales. Démunis, criminels, nobles et bourgeois se côtoyaient donc dans ce dédale de ruelles et d’égouts qu’est Felbourg.

En 322, profitant des innombrables crises affaiblissant le royaume, le seigneur-palatin Aldrick Aerann proclama unilatéralement la sécession de Fel du pouvoir princier d’Yr. Lors des mois suivants, des investissements colossaux furent réalisés afin de consolider les défenses du territoire : amélioration de l’équipement des légions ducales, construction du complexe métallurgique des Forges en Vaunes, érection de l’imposant Mur de Fel, invitation de mercenaires siludiens, etc. À ces projets militaires se greffa une véritable révolution sociale et culturelle : centralisation de l’éducation populaire autour des idéaux de l’académie de Fulcieu et du patriotisme felbourgeois, élimination systématique des ennemis intérieurs et, surtout, dépeuplement de Felbourg la cité au profit du repeuplement des campagnes et hameaux du territoire. L’objectif des Aerann était clair : centraliser le pouvoir du duché entre leurs mains en restaurant les traditions féodales mises à mal par la bourgeoisie de Felbourg la cité. Lors du dernier siècle, Fel a drastiquement changé de visage.

Lors de la Guerre de l’Avènement, L’ascension d’Isadora Aerann au rang d’épouse du Guérisseur couronné et de mère de l’actuelle Reine Adrianna a accordé à Fel des privilèges politiques indéniables. Du statut honorifique de « Protectorat de la Couronne » à la possibilité pour les ducs felbourgeois de gérer comme ils l’entendent leurs vassaux, Fel est littéralement le bras droit du trône d’Yr. Cependant, l’ampleur de ce territoire n’est pas sans défis. En Casteval et Vallon, principale dépendance à l’est du fleuve Laurelanne, la paix sociale est perpétuellement menacée par la coexistence de populations aux origines diverses. Pendant ce temps, dans le sud felbourgeois, les compagnies de larrons sillonnent les routes, souvent avec l’aval des autorités en place. Enfin, l’ancienne métropole de Felbourg la cité, étouffée par le dépeuplement imposé par les Aerann, peine à retrouver sa prospérité d’antan. En somme, si le duché de Fel est aujourd’hui vaste et influent, il n’échappe pas aux malheurs des empires de ce monde.

Malgré le financement des entreprises agricoles, les sols au nord du fleuve Augivre ne sont que maigrement exploités. Les quelques fermiers et éleveurs qui prétendent vivre des produits de la terre ne parviennent que rarement à amasser suffisamment de ressources pour survivre à l’hiver et, le plus souvent, ils doivent offrir leurs services de journaliers dans les villes lors de la saison froide ou encore travailler dans les mines de sel de Selbourg. Ce sont plutôt les exploitations minière -dans les montagnes des Crocs- ou forestière -dans les forêts de Vertelande- qui occupent le rude quotidien des travailleurs. Au sud de l’Augivre et dans les dépendances lauroises toutefois, les cultures maraichères sont beaucoup plus fréquentes. Dans les comtés de Jéranbourg et des Salimes, par exemple, des plantations vinicoles font la réputation des propriétaires terriens.

Cependant, c’est par le progrès et la technologie que se démarque Fel. Effectivement, en 270 de l’ère royale, un ouvrier des moulins à scie, Jehan Fulcieu, développa une nouvelle technique utilisant la force de la vapeur afin de mouvoir les turbines des moulins. Non seulement cette découverte permit-elle d’améliorer fabuleusement la production des ateliers, mais elle fit de Felbourg la capitale industrielle du royaume. Peu de temps après la trouvaille de Fulcieu, une académie -l’Académie Fulcieu- fut mise en place afin d’approfondir le potentiel de la vapeur. Même si elle est essentiellement intéressée par des recherches techniques et pratiques (au détriment des recherches philosophiques et fondamentales), cette académie fait la renommée de Felbourg la cité.

Le Felbourgeois moyen pourrait être décrit comme un assemblage de valeurs paradoxales. Fier à l’excès de la puissance de son duché et de son rôle unique au sein du royaume, il est aussi un patriote ébénois indéfectible. Conscient de la force d’un pouvoir féodal et centralisé entre les mains de l’unique famille ducale Aerann, il observe avec fascination les progrès techniques et scientifiques réalisés entre les murs de l’Académie Fulcieu. À cheval entre le passé et le futur, les Felbourgeois conçoivent l’existence comme une lutte permanente dont ne ressortent vainqueurs que les plus résilients. Par les armes, la connaissance ou la diplomatie, ils cherchent à réaffirmer constamment leur supériorité sur le commun des Ébénois et la Nature elle-même.

Sur le plan vestimentaire, les Felbourgeois aiment afficher leur force, que ce soit par des armures, des tenues ajustées, des robes riches mais de bon goût et des fourrures intimidantes.