Corrèse
Capitale : Porte-Chêne, le bastion sylvestre
Devise historique : « Nous tenons »
Inspirations : Tradition, superstition, discipline
Berceau des légendes du royaume d’Ébène, Corrèse trouve ses racines dans les plus anciennes familles du pays. Avant même l’arrivée du Roi-Prophète au début de l’ère royale, les habitants de Porte-Chêne, dernière ville sécurisée avant la ténébreuse forêt d’Ébène, cultivaient les champs à la lisière des bois et bûchaient prudemment les arbres à leur disposition. C’est d’ailleurs à Corrèse où, pour la première fois, furent recensées les victimes du Sang’Noir et où, par conséquent, les ravages de la maladie furent les plus importants. C’est aussi dans la forêt d’Ébène, dans le terrifiant château du Lichthaus, que naquit la Garde Céleste, congrégation fanatique qui fit déferler une vague inquisitrice sur le pays plus récemment. Aujourd’hui, les cicatrices de ces mystérieux événements tardent à s’effacer des esprits des superstitieux Corrésiens.
Le territoire de Corrèse trouve ses limites dans les Criffes à l’est, dans les monts Namori au sud et, bien sûr, dans la forêt d’Ébène à l’ouest. Au Nord, la culture corrésienne se fait beaucoup plus fluctuante en raison de la proximité du duché de Fel et de Laure. Historiquement, le cœur du palatinat était le bourg de Porte-Chêne et ses environs, ambitieux vestige d’une lointaine époque où l’humanité affrontait quotidiennement la forêt d’Ébène et ses obscurs secrets. Effectivement, dans les temps anciens, la capitale de Corrèse s’était considérablement fortifiée afin de soutenir les assauts d’un ennemi aujourd’hui disparu. Désormais, les hauts murs de pierres grises qui ceinturent Porte-Chêne produisent un angoissant contraste avec la vie lente et prudente qui y subsiste. Là-bas, chaque citadin entretient au moins une histoire à glacer le sang à propos de spectres ou d’entités rôdant dans les rues le soir venu.
Le statut de Porte-Chêne changea toutefois drastiquement lors de la Guerre de l’Avènement. Confrontée aux impératifs d’un royaume en plein changement, Corrèse se scinda en deux factions: traditionnalistes à Porte-Chêne et réformistes dans la cité marchande de Mordaigne, au nord. Au plus fort de ce conflit, la célèbre porte plusieurs fois centenaire de Porte-Chêne fut déplacée de force à Mordaigne. Le déménagement de ce symbole acheva de transférer vers cette plate-forme commerciale les pouvoirs politiques et économiques de la région, ne laissant à l’ancienne capitale qu’un statut de vestige d’un temps révolu. Cette scission continue de diviser Corrèse, générant de dangereuses frictions en son peuple.
Malgré ces tensions tenaces, la menace que représente la forêt d’Ébène fait consensus chez les Corrésiens. À ce jour, aucun de ceux qui ont entrepris une traversée des bois n’est revenu pour témoigner de son expérience. Si l’on connait le peuple vivant au-delà de celle-ci –les Siludiens-, c’est exclusivement grâce aux quelques convois maritimes qui se risquent à traverser la mer Blanche. Traditionnellement, les seuls Corrésiens suffisamment braves -ou désespérés- pour s’aventurer dans les bois étaient les forestiers d’Entre-Gage, un camp de bûcherons situé à quelques lieues à l’ouest de Porte-Chêne. Après sa dévastation au début de la Guerre de l’Avènement, Entre-Gage fut de nouveau colonisé et est aujourd’hui l’ultime frontière du royaume à l’ouest. Au-delà de cette communauté fermée, les sauvages Insoumis -des exilés sanguinaires aux ambitions mystérieuses- règnent en maîtres absolus.
Les Corrésiens sont pour la plupart des individus bourrus, fermés sur eux-mêmes et hautement traditionalistes. Non seulement estiment-ils que les « étrangers » (tous ceux qui sont nés à l’extérieur du palatinat) comprennent mal ce qui rôde dans la forêt d’Ébène, mais ils se perçoivent comme le seul rempart du royaume face à ces menaces. Évidemment, il ne fut jamais démontré que les vastes étendues sauvages à l’ouest de Porte-Chêne accueillaient des créatures mythiques ou maléfiques. Cependant, les récits compilés depuis le début du siècle par rapport aux rites mystiques du Lichthaus et aux entités étranges rencontrées dans les profondeurs des forêts suscitèrent des doutes chez le reste des Ébénois.
Pourtant, les Corrésiens persistent à partager leurs histoires avec parfois une sincérité désarmante. Ces contes, qu’on les perçoive comme véridiques ou non, ont un fort écho dans l’ensemble du royaume. Même s’ils sont réservés aux adultes dans la plupart des palatinats en raison de leur contenu parfois extrêmement troublant, ils sont d’abord et avant tout destinés aux enfants corrésiens. Ainsi, avant de souffler la chandelle, les petits se font raconter des histoires de garçonnet déchiqueté par des rapaces ou de fillette enlevée par d’horribles créatures nocturnes. Le sommeil qui suit ces séances de contes est parsemé des pires cauchemars, mais cela a le mérite d’apprendre à l’enfant à se méfier des forces obscures de ce monde.
Sur le plan vestimentaire, Corrèse fait dans l’austérité. Le sérieux de ses habitants déteint nécessairement sur leurs tenues et rares sont les individus osant sortir de la masse par des habits extravagants et colorés. Ainsi, à l’exception des quelques fourrures acquises lors de parties de chasse, peu d’éléments distinguent la noblesse corrésienne de la roture.