Cassolmer
Capitale : Cassel, le bourg aux falaises
Devise historique : «Forts et fiers»
Inspirations : Simplicité, fierté populaire, pauvreté
Cassolmer se tient sur les rives orientales du royaume, balayée par les vents de la Vaste-Mer. Cependant, au contraire de Salvamer qui profite du havre de paix qu’est la lagune d’Émeraude, Cassolmer ne bénéficie guère d’une situation géographique appréciable ou même de richesses marines. Son économie est essentiellement articulée autour de deux secteurs bien distincts. Alors que sur les bords de la Vaste-Mer, là où se tient la ville de Cassel et les îles d’Elfeand, l’activité principale réside dans les pêcheries, à l’intérieur du continent le territoire est divisé en une multitude de petits lopins de terre faiblement exploités par d’anciennes familles. Ces dernières, peu supervisées par les comtes et barons, finissent parfois par s’organiser en communautés se spécialisant dans des professions précises.
L’exemple parfait de ces « clans » de travail est le hameau de Cellryn, situé à proximité de la citadelle de Casteval. Depuis aussi loin que l’esprit humain peut se le rappeler, la famille de Cellryn -dont le village hérita du nom- exploite les mines de cuivre du Val-Follet. Alors que les Torrense subissaient la punition du Céleste pour leurs fourberies, les mineurs Cellryn s’enfonçaient dans les entrailles du mont Korrian pour en extraire le précieux minerai. Peu à peu, des travailleurs de tout Cassolmer se joignirent à eux afin de grossir les rangs de la communauté minière. Aujourd’hui, Cellryn jouit d’une excellente réputation auprès des forgerons du royaume.
Quant à Cassel, principale cité des terres, peu d’éloges peuvent en être faits. Son port modeste, son marché désert et son architecture rustique n’attirent guère le regard des voyageurs. Cependant, une certaine beauté naturelle se dégage des falaises que la ville occupe et qui la juchent bien au-dessus de la Vaste-Mer. Pour le marin averti, une expédition le long de ces remparts de roc permet de découvrir une multitude d’alcôves et de grottes autrefois occupées par les redoutables Contrebandiers des Écores. Aujourd’hui, grâce aux armées royales, ces réseaux de cavernes sont libérés des malfaiteurs qui y pullulaient.
Toutefois, les cinq dernières décennies meurtrirent profondément les paysages cassolmerois. Historiquement, la région fut considérée comme l’ombre de Salvamer. Plus défavorisée, rurale et démilitarisée, elle faisait figure d’enfant pauvre dans l’est du royaume. Devant le mépris récurrent de la haute-noblesse ébénoise à leur endroit, les Cassolmerois se soulevèrent donc en l’an 316 et affirmèrent haut et fort leurs désir d’émancipation. Que ce soit par le biais du martyr Jonas Tyssère, de la princesse rebelle Isabelle Delorme ou des controversés Désirants, le peuple de ce palatinat devint le fer-de-lance des intérêts des gueux et des luttant contre les élites oppressantes. Malheureusement, l’espoir et la fierté ne peuvent que rarement rivaliser avec l’argent et les armées entraînées. De la Guerre des deux Couronnes à la Guerre de l’Avènement, les armées populaires furent systématiquement écrasées, que ce soit par les légions étrangères ou les troupes des aristocrates de Cassolmer.
Les conséquences des guerres incessantes, des défaites sanglantes et des batailles fratricides se manifestèrent au milieu du quatrième siècle de l’ère royale. Aux quatre coins de l’ancien palatinat, des cohortes de brigands, de coupe-gorges et de pirates envahirent les campagnes, les villes et les mers. Devant la mort de leurs pairs, ceux et celles qui aspiraient à améliorer leur sort quelques années plus tôt abandonnaient leurs fragiles espoirs en un monde meilleur et se repliaient sur leurs propres intérêts personnels. Graduellement, il devint risqué pour les caravanes de s’aventurer sur les routes sans escorte armée. À Cassel, sillonner les rues une fois la nuit tombée devint une invitation à l’extorsion. Forts et fiers, les Cassolmerois adoptèrent les moyens -légaux ou non- à leur disposition pour survivre.
Le portrait général de Cassolmer peut sembler fort pessimiste au premier regard. Or, si ce palatinat ne représente qu’un faible intérêt pour plusieurs, son peuple, résultat des unions entre les Mérillons et les Enfants d’Arianne, mérite d’être côtoyé. L’économie médiocre du palatinat n’est pas que la conséquence de l’âpreté du climat, mais aussi d’un choix légitime des Cassolmerois. Effectivement, malgré le fait que les pêcheries de Cassel soient essentielles à la survie alimentaire du royaume d’Ébène et que les productions diverses du territoire auraient un fort potentiel commercial, Cassolmer n’a jamais souhaité saisir cette perche de croissance. Comme le dit le dicton, « certaines gemmes ont plus de valeurs brutes que travaillées ». Cette attitude généralisée est d’ailleurs à l’origine de maints préjugés à l’endroit de la seigneurie. Ce que plusieurs étrangers prennent chez les Cassolmerois pour de la paresse et un manque d’ambition pourrait plutôt être défini comme un esprit tourné principalement vers les affaires du quotidien. Pourquoi chercher le bonheur dans une lointaine fortune alors qu’il est à quelques coups de rame lors d’un jour de pêche au large?
Néanmoins, les habitants de Cassolmer sont reconnus pour leur férocité au combat. S’ils ne demandent rien à personne, ils s’attendent à ce qu’on les laisse en paix. Malheur à celui qui insultera ou attaquera l’un d’eux. En privé, il exigera surement réparation, fort probablement par l’entremise d’une violente bastonnade. Si l’offense est publique, le peuple n’hésitera guère à défendre son honneur et ses terres. Certes, les mineurs et les forgerons ne sont pas les escrimeurs les plus habiles, mais leur fureur et leur détermination compensent amplement cette lacune.
Sur le plan vestimentaire, tuniques et capes aux couleurs terreuses et ternes sont de rigueur. C’est par le biais de leurs armoiries que les familles -et même les individus- se distinguent. Fuyant les artifices inutiles, les Cassolmerois se font une fierté d’arborer leurs habits de travail et d’afficher leur appartenance à leur famille ou communauté.