LA LIGUE D’ARDAROS

Capitale : L’Oeil d’Ardar

Dirigeant(e) : L’Agora des Rangatiras

Perception des Ébènois : Méfiance

Inspiration : Puissance maritime ancestrale, empire maori


À l’est de Pyrae -désormais Lance d’Ardar, à plusieurs semaines de navigation des côtes ébénoises, se devinent les multiples îles de la millénaire ligue d’Ardaros. Selon les païens ardarosiens, les archipels orientaux auraient été formés par un tyrannique dieu unique du nom d’Ardar lors de l’une de ses innombrables colères sacrées. Furieux d’assister à la supposée folie hérétique des peuplades humaines -dont celle d’Ébène- Ardar aurait fait émerger de l’océan des colonnes de flammes et de magma qui auraient transformé les eaux vertes en terres luxuriantes. Par la suite, le « Maître » aurait ravi des hommes et des femmes aux quatre coins de Célès afin de les éduquer selon ses propres dogmes. Ces ancêtres du peuple d’Ardaros, considérés comme des serviteurs et esclaves du dieu de colère, donnèrent naissance à une race d’individus laconiques, féroces et pieux.

Chacune des îles de l’archipel d’Ardaros porte symboliquement le nom d’une partie de l’anatomie d’Ardar. Ainsi peut-on visiter, entre autres, la Gueule d’Ardar, la Griffe d’Ardar, la Paume d’Ardar ou l’Oeil d’Ardar. C’est cette dernière île qui accueille l’agora des Rangatiras, le lieu de discussion et de prise de décisions des seigneurs de chaque région appartenant à la ligue. Tous ces dirigeants sans exception sont reconnus pour leurs aptitudes militaires et commerciales ainsi que pour leur foi inébranlable envers le Maître. On ignore tout du processus permettant à ces chefs marchands et guerriers de trouver leur chemin vers l’agora de l’Oeil d’Ardar. Toutefois, tous les visiteurs en provenance de cette nation semblent partager un profond respect pour ceux qui les dirigent, probablement en raison d’exploits inconnus que ceux-ci doivent accomplir afin d’obtenir leur titre.

La morale des Ardarosiens est aussi triturée qu’exotique. D’un côté, les marchands ayant fait escale dans les ports des archipels s’entendent pour attribuer à ce peuple une certaine forme d’honneur et de loyauté se rapprochant de celle répandue chez les cavaliers du Sarrenhor. Cependant, ce tempérament respectable serait teinté d’une flexibilité des moeurs dans laquelle les herbes, les encens et les mixtures hallucinogènes seraient perçus comme des produits d’usage quotidien. La Fleur-de-jade, cette célèbre plante dont l’embrasement des pétales séchés altère la conscience de l’Homme, serait d’ailleurs fréquemment utilisée lors des tractations politiques et des négociations commerciales afin de faciliter la communication entre étrangers. Cette tradition, bien qu’interdite en nos contrées, semblerait néanmoins respectée en cachette par les marchands et diplomates.

La Fleur-de-jade aurait aussi ses usages lors de cérémonies religieuses dont on ne connait malheureusement que peu les détails. Ce que l’on sait avec certitude, c’est que le dieu Ardar exigerait de ses fidèles une soumission absolue, autant spirituellement que physiquement. À certaines étapes de leur vie, les Ardarosiens, afin de concrétiser leur obéissance à la déité, s’infligeraient de douloureux sévices corporels dont l’objectif serait de marquer par le fer et l’encre la peau. Appelée « tatouage », cette pratique ferait de la peau des fidèles un véritable manuscrit sur lequel apparaîtraient les symboles et graphies propres à leurs textes saints.

Le voyage vers Ardaros doit nécessairement passer par l’île de Corail. Point de ravitaillement obligatoire pour toute caravelle, ce lieu stratégique est désormais sous le contrôle de la Couronne d’Ébène par l’intermédiaire de la guilde privée de la Marine des Mérillons. Cette dernière, détentrice des permis essentiels au commerce Ardaros, se garde bien d’ouvrir ses installations portuaires aux navires qui ne sont pas de ses rangs.

Malgré le fossé spirituel séparant les deux peuples, la ligue d’Ardaros est la nation envers qui le royaume d’Ébène se fait le plus amical. Les racines ardarosiennes des Pyréens permettent en effet aux navires marchands étrangers d’accoster dans les ports orientaux et d’y trouver une clientèle ouverte et sympathique. Cela dit, rarement ces commerçants dépasseront les villes portuaires donnant sur la Vaste-Mer, ceux-ci ne désirant guère rencontrer sur les eaux hostiles de la mer Blanche leurs ennemis du Vinderrhin. Ces bonnes relations en prirent toutefois un coup en 323 lorsque, au lendemain de l’éruption du volcan Iniraya de Pyrae, une flotte ardarosienne annexa subitement l’île principale pyréenne, Kessa. Nommant comme Rangatira de l’endroit un traitre hérétique à la nation ébénoise du nom d’Enrich Britt, Ardaros déploya ses forces sur place en proclamant qu’il s’agissait là d’un territoire sacré accordé par leur dieu Ardar. Les Ardarosiens ne tentèrent pas par la suite d’agrandir leurs propriétés sur le continent ou même sur les îlots en périphérie de Kessa. Aujourd’hui, une trêve tendue perdure entre Ébène et sa voisine orientale, les Rangatiras semblant toujours être ouvert au commerce.

Nul esprit sain ne désire toutefois déclencher une guerre avec Ardaros. Leur légendaire armada, leurs technologies inconnues rapportées de leurs voyages tout autour de Célès et leurs incalculables soldats tatoués -les Éternels- auraient tôt fait d’apporter la guerre sur les rives d’Ébène et d’y faire déferler mort et détresse. C’est d’ailleurs cette éventualité que le royaume d’Ébène redouta en 315 lorsque, à la suite d’une rixe concernant l’importation de fleur-de-jade, Ardaros et l’Ébène frôlèrent la guerre. Ce n’est que grâce au courage de sieur Wenceslas des Plaines, champion du Céleste, que l’honneur du royaume put être lavé lors d’un Oriam rituel (duel ardarosien). Pour cette raison, les différents princes siégeant sur le trône d’Ébène ont su par le passé préserver l’illusion d’harmonie entre les fidèles d’Ardar et ceux du Céleste, tradition que la dynastie royale elle-même semble vouloir maintenir.