ACADÉMIE ROZELLA
Campus principal : Baronnie de Rozella, Salvamer
Devise : « L’avenir par le passé »
Priorités : Sciences humaines, Histoire, archéologie
L’Académie Rozella naquit du rêve de Detterio Rozella, brillant Salvamerois qui vécut des années 128 à 184 de l’ère royale et qui occupa le poste de haut conseiller pour la famille palatine Acciaro. Avant l’arrivée de Rozella, l’éducation et la recherche dans les palatinats côtiers orientaux dépendaient du bon vouloir de chaque famille noble. Dans la plupart des maisonnées détenant une richesse suffisante, un précepteur et un archiviste veillaient à la conservation et à la transmission des registres familiaux en partenariat avec les beffrois célésiens, assurant par ces faits la préservation des savoirs passés et présents. Or, il suffisait d’un seul aristocrate au tempérament bouillonnant ou d’un vulgaire incendie pour que les efforts de générations d’érudits soient réduits à néant.
Dès que Detterio Rozella accéda aux officines privées des Acciaro de Salvar en 162, il s’appropria le devoir de mémoire des sages du palatinat. Rozella avait lui-même travaillé en tant que scribe d’un baron de l’Ouest de Salvamer pendant plusieurs années et avait une haute estime des prouesses de nos ancêtres. Après tout, comment ne pas admirer ceux qui, par des techniques désormais disparues, creusèrent et consolidèrent les impressionnants tunnels sous-marins servant de fondations à la glorieuse cité de Salvar? Comment ne pas rester bouche bée devant la Voie des géants, cette large route pavée sinuant à travers les Monts Namori? Ces secrets oubliés, afin de refaire surface, nécessitaient une concertation des énergies académiques, une alliance entre les divers esprits savants du territoire.
En dépit des efforts de la congrégation du Haut Pilier qui tenta de discréditer le projet de Rozella afin de conserver sa mainmise sur les archives populaires de Salvamer, Detterio récolta les appuis d’une cinquantaine d’érudits du palatinat. Lors d’un sommet historique qui se tint en 165, ces dizaines de savants s’accordèrent pour transcrire les documents qu’ils détenaient afin d’en déposer une copie dans les archives de Salvar. Le projet, en raison de la somme colossale de temps de transcription qu’il exigeait, s’échelonna sur près d’une décennie. Néanmoins, en 174, les archives de Salvar regorgeaient de manuscrits relatant autant la généalogie des anciennes familles que des contes et poèmes du petit peuple.
L’académie Rozella vit véritablement le jour en 179 sur les îles de Corail, au nord de Salvar, quand Detterio accepta -en échange d’une contribution financière- d’ouvrir les portes des archives à des maîtres et précepteurs de confiance. Graduellement, les voûtes furent agrémentées de dortoirs, de salles de classe, de réfectoires et d’autres commodités permettant une vie académique normale. Avec la permission princière, Detterio prit officiellement le titre de maître académicien et se voua jusqu’à sa mort à faire prospérer la nouvelle académie.
L’académie Rozella a pour principal objectif de faire la lumière sur les énigmes du passé. Comment fut construite Salvar? Pourquoi furent posées les dalles de la Voie des géants? D’où nous viennent les techniques navales des Mérillons? Le peuple du royaume d’Ébène est présentement le locataire d’anciens vestiges dont il ignore tout. Qu’adviendrait-il si un cataclysme engloutissait l’Est de notre contrée? Saurions-nous reconstruire ce qui aurait été perdu? Ce sont ces préoccupations fondamentales qui hantent les cauchemars des érudits de Rozella et qui les poussent à déployer une pléthore de moyens pour en arriver à leurs fins.
Parmi ces méthodes visant à regarnir ses coffres, l’académie entretient des liens étroits avec nombre d’aristocrates du royaume. Ces derniers, souvent aux prises avec des querelles de successions, font appel aux archivistes pour retrouver -ou créer, diront les mauvaises langues- des revendications appuyant leurs prétentions politiques. Lorsque la paix du Monarque est bien ancrée au sein de nos frontières et que l’autorité du suzerain suprême n’est pas contestée, un simple traité ancestral ressorti d’une obscure bibliothèque peut avoir plus de force qu’une légion de soldats en armes. Par ce travail pointilleux, les membres de l’académie Rozella s’assurent la collaboration des puissants de nos terres.
Comme nous pouvons nous en douter, l’efficacité des recherches de l’institution de Salvar repose essentiellement sur la quantité et la diversité de manuscrits qu’elle détient. Afin d’accroître la richesse de ses archives, l’académie a conclu un pacte avec le port de la capitale salvameroise. En échange d’un financement continu des infrastructures portuaires, les douaniers exigent de chaque navire visiteur -qu’il soit marchand ou non- le droit de copier au moins un recueil à leur bord. La copie de ce tome est par la suite remise aux autorités de Rozella qui l’ajouteront à leurs bibliothèques. Par ce partenariat unique, l’académie s’assure un flot continu de nouveaux documents dans ses voûtes.